Éric Vinsonneau accompagne les entreprises dans les achats solidaires. Vivant actuellement à Berlin, il est amené à travailler sur différents projets internationaux mêlant inclusion et insertion professionnelle.
Pour Companieros, il est précieux de recueillir ses retours fondés sur des expériences terrain qui amène à réfléchir des problématiques liées aux politiques handicap des entreprises.
J’ai toujours été touché par le monde du handicap. Mes parents faisaient partie d’une association de motards qui emmenait les personnes en situation de handicap avec eux sur une demi-journée et l’évènement était toujours suivi d’une soirée. Ça s’appelait des “jumbos” et les personnes handicapées étaient souvent dans les véhicules side-car. Je me souviens avoir réalisé plusieurs sorties motos à l’époque qui visaient à faire rencontrer le monde de la moto et celui du handicap.
C’était mon premier contact avec le handicap qui m’a assez marqué.
Étant plus jeune, je souhaitai travailler dans l’humanitaire pour aider l’autre. Puis j’ai réalisé que c’était aussi possible de changer les entreprises depuis l’intérieur afin d’optimiser leur impact.
En 2018, j’ai été Coordinateur des Achats Responsables dans l’entreprise Saint-Gobain. J’ai mis en place « une carte de best practices ». Il y avait répercussion une financière pour l’entreprise qui n’avait pas atteint son quota d’employés en situation de handicap. Nous avions des meetings ponctuels avec des acheteurs afin de présenter des fournisseurs potentiels issus du monde du handicap pour faciliter leur intégration.
À ce jour, je suis dans l’entreprise Sustainable, cabinet de conseil spécialisé dans les thèmes de la responsabilité entrepreneuriale et du développement durable depuis 2008. L’achat dit « solidaire » est l’achat effectué auprès du secteur du handicap (Entreprises Adaptées, ESAT, TIH). Cette activité pousse les acheteurs à ouvrir le débat auprès des entreprises partenaires pour déconstruire des clichés sur le handicap qui peuvent représenter des freins à l’embauche pour certaines entreprises.
Beaucoup de freins existent encore chez les acheteurs concernant la qualité du service. Sur certaines catégories d’achats (et notamment celles où le secteur du handicap est présent, par exemple restauration, jardinage, support administratif), les acheteurs ont de manière générale un travail de conviction à faire en interne sur la valeur ajoutée de leur rôle. Ils doivent dépasser les préjugés des parties prenantes réticentes à embaucher.
Une mauvaise expérience avec un fournisseur « Entreprise Adaptée » a aussi tendance à verrouiller le sujet pendant longtemps, car l’acheteur estime qu’il a essayé et que ça ne fonctionne pas. C’est faux.
Je pense que le secteur du handicap paie les pots cassés, et que pour chaque mauvaise expérience qu’il peut y avoir (comme de partout), il est encore plus difficile d’avancer vraiment.
Je pense qu’il faut déconstruire les clichés et les idées reçues en faisant rencontrer les acheteurs avec les entreprises du secteur du handicap qui fonctionnent. Montrer que c’est possible. Que l’inclusion est vectrice de performance.